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Visiter l'Estadio da Luz, stade historique du S.L. Benfica

il y a 6 ans - Julie D.

C'est un cliché répandu sur les Portugais qu'ils sont d'ardents supporters de foot, mais il se pourrait bien que derrière ce cliché se cache une certaine vérité... C'est pourquoi une visite au Estadio da Luz s'impose, même si on n'est pas soi-même un fervent admirateur du ballon rond ! En effet, le stade du S.L. Benfica à Lisbonne est l'un des hauts lieux de la culture portugaise, au même titre que le Musée National des Azulejos.

Pas besoin d'expliquer aux mordus de foot l'intérêt de la visite de la « Cathédrale », autre nom du stade attitré du club de Benfica. Quant aux autres, plusieurs raisons peuvent les convaincre de s'aventurer jusque dans le quartier de Luz. Surtout, visiter l'Estadio da Luz, c'est découvrir la légende de l'un des clubs de foot les plus aimés au monde, lors d'une visite bien faite, qui saura aussi convaincre les réticents.

Le Sporting Lisboa e Benfica, l'un des trois grands clubs portugais

Le « Sport Lisboa e Benfica » compterait pas moins de quatorze millions de supporters dans le monde, et aurait en 2015 le deuxième plus grand nombre de membres actifs au monde (225 000 selon la FIFA, derrière le Bayern Munich). Il occupait en 2006 la première place, selon le livre Guinness des records. Si l'on en croit les chiffres, c'est le club chéri de 47 % des Portugais, soit plus de cinq millions de personnes !

Le S.L. Benfica est, avec le Sporting Clube de Portugal et le FC Porto, l'un des « trois grands » clubs du championnat portugais de Primeira Liga : « Os Três Grandes ». Ces trois géants du foot portugais ont chacun leur animal totem, qui donne aussi son nom aux joueurs : aigle pour le S.L. Benfica, lion pour le Sporting, et dragon pour le FC Porto.

Les trois clubs s'affrontent lors de matchs très attendus qui rassemblent les foules. Les deux rivaux historiques, S.L. Benfica et Sporting C.., disputent chaque année le « Derby de Lisbonne », aussi appelé « Derby éternel ». Quant au match Benfica – FC Porto, il porte le nom de « O Clássico ».

La rivalité avec le Sporting C.P. repose d'abord sur le nombre de matchs gagnés, les deux clubs étant à touche-touche dans les classements. Mais elle a été envenimée par des coups bas dans lesquels le S.L. Benfica n'a pas toujours eu le beau rôle, comme la fois où les Aigles ont « chipé » le joueur Eusébio aux Lions du Sporting, alors fraîchement débarqué d'Afrique orientale portugaise (qui n'était pas encore le Mozambique)...

Entrée du Estadio da Luz

La « cathédrale » du foot : l'Estadio da Luz

Le « stade de Lumière », aussi surnommé « la Cathédrale », devrait son nom à la paroisse de Luz dans laquelle il est installé, dans le quartier de Benfica. Mais les puristes se disputent sur l'origine du sobriquet : l'ancien stade était appelé « Estado do Carnide » jusqu'en 1958, année où les dispositifs de lumières furent installés. C'est à ce moment qu'il change de nom pour devenir « Estadio da Luz ».

L'actuel Estadio da Luz, construit pour accueillir certains matches de l'Euro 2004, a ouvert ses portes en octobre 2003. C'est le plus grand stade du Portugal et l'un des plus grands d'Europe, avec une capacité de plus de 64 000 personnes. Il a notamment accueilli la finale de l'Euro 2004, le 4 juillet (Portugal 0 – 1 Grèce), et la finale de la Ligue des Champions en mai 2014 (Real Madrid 4 – 1 Atlético Madrid).

L'ancien Estadio da Luz, qui fonctionna de 1954 à 2003, se situait au même emplacement avant sa démolition. Il fut inauguré le 1er novembre 1954 par une rencontre des ennemis jurés : le S.L. Benfica et le FC Porto – qui remporte le match 3 à 1.

Visiter l'Estadio da Luz

Il est facile de visiter l'Estadio da Luz ; un billet combiné donne aussi accès au musée Cosme Damião. Les visites guidées démarrent toutes les vingt minutes, et durent entre 45 minutes et 1 heure. Le stade se visite tous les jours entre 10h et 17h, sauf le 25 décembre et le 1er janvier (le stade ferme à 14h le 24 et le 31 décembre). Bonne nouvelle, la visite (en portugais ou en anglais), passionnante, intéressera aussi ceux qui n'aiment pas vraiment le foot. N'ayez donc aucun remords à y aller en famille ou en groupe.

Le guide vous fera découvrir les vestiaires visiteurs, les gradins, la pelouse, la salle de presse, mais aussi les fameux aigles, emblèmes du club. Ces mascottes survolent le stade les jours de matches, avec aux pattes des rubans aux couleurs du club. Une caméra sur le dos, les aigles donnent une vision impressionnante de la foule dans les gradins, avant de se poser au centre du terrain sous les applaudissements des spectateurs.

Voir un match au Estadio da Luz

Il est bien entendu possible d'assister à un match au Estadio da Luz. On peut acheter ses billets directement sur le site du club, ou à différents guichets, pour le match suivant. On a alors le choix entre 4 tribunes et 5 niveaux de gradins. Pour connaître le calendrier des matchs, voir ici.

Estadio da Luz / Estadio do Sport Lisboa e Benfica – Museu Cosme Damião – Av. Eusébio da Silva Ferreira, 1500-313 Lisboa – métro « Linha Azul », station Colégio-Militar/Luz ou Alto-dos-Moinhos – billet combiné stade et musée, €17,5, stade seul €12,5, musée seul €10.

Drapeau du SL Benfica

L'emblème du S.L. Benfica et sa devise

L'emblème du S.L. Benfica rassemble plusieurs symboles qui représentent l'histoire du club et ses valeurs. Au centre, un ballon de foot (évidence !), barré d'un ruban qui porte les initiales du club : S.L.B., Sport Lisboa e Benfica.

Le S.L. Benfica résulte en fait de la fusion de deux clubs en 1908, le Sport Lisboa (créé en 1904) et le Grupo Sport Benfica (créé en 1906). Le bouclier est un héritage de Sport Lisboa, tandis que la roue de vélo vient du Grupo Sport Benfica : comme beaucoup de clubs de sport à l'époque, le G.S.B. regroupait plusieurs sports, dont le cyclisme.

Au-dessus du bouclier rouge et blanc, un aigle, symbole de noblesse et d'indépendance, et la devise du club, « E Pluribus Unum » : « de plusieurs, un seul ». Cette devise a été pendant longtemps celle des États‑Unis, avant d'être remplacée par « In God We Trust ». Elle met en avant l'esprit d'équipe : chacun laisse son ego et son individualisme au vestiaire (les mauvais esprits diront que c'est chose peu aisée pour certains footballeurs...), et ne fait plus qu'un avec ses coéquipiers. Un joli blason qui a traversé les décennies, pour un club à l'esprit inchangé depuis ses débuts.

Hymne du S.L. Benfica : « Ser Benfiquista »

L'hymne célèbre le « club lutador », un club de combattants, « sans rival / au Portugal », et ses maillots rouge coquelicot. La chanson rappelle que « être un benfiquista », ça n'est pas simplement être un fan de foot, cela va bien au-delà ! Composée par Paulino Gomes Junior, elle a été chantée pour la première fois le 16 avril 2953 par le ténor Luís Piçarra lors d'un « sarau », événement destiné à rassembler des fonds pour construire le Estadio da Luz.

Statue de Eusébio devant Estadio da Luz

Eusébio, la Panthère Noire

Eusébio da Silva Ferreira mérite à juste titre le nom de légende. Il commença à tâter du ballon dans une filiale du Sporting, avant de rejoindre le S.L. Benfica dans un scénario digne d'un film d'espionnage... Le S.L. Benfica aurait en effet trouvé le moyen de convaincre la mère d'Eusébio, alors qu'il était déjà promis au Sporting. Eusébio aurait ensuite voyagé vers Lisbonne sous un nom d'emprunt afin de ne pas éveiller les soupçons !

Il joua sous les couleurs du S.L. Benfica du début des années 1960 jusqu'au milieu des années 1970, dans une carrière brillante à la belle longévité : ces années-là, le S.L. Benfica fut onze fois champion du Portugal, et ce fut grâce à Eusébio que le club arriva en 3e place de la coupe du monde 1966 (meilleur buteur, avec 9 buts). Il reçut aussi le Ballon d'or en 1965.

C'est l'un des rares buteurs à avoir jamais réussi à marquer un but contre « l'Araignée Noire », Lev Yachine, légendaire gardien de but du Dynamo. Yachine serre alors chaleureusement la main de celui qui vient de percer sa défense et ils resteront amis à vie. Et, lorsque la mort de Yachine est annoncée en 1990, juste avant un match du Benfica au stade Meteor, les caméras se tournent vers la délégation portugaise : Eusébio pleure à chaudes larmes.

Lorsqu'Eusébio décède en 2014 à l'âge de 76 ans, le Portugal décrète trois jours de deuil national. La dépouille du génial footballeur fait le tour du Estadio da Luz, conformément à son souhait, sous les regards brouillés de larmes des supporters portugais venus rendre un dernier hommage à « la Panthère Noire ». L'Estadio da Luz, c'est « son » stade, comme en témoigne sa statue à l'entrée.

Estadio da Luz Tribune Sagres

La relève : les nouveaux talents du S.L. Benfica

Mile Svilar, le gardien du S.L. Benfica, jeune Belge de 18 ans, a récemment fait parler de lui... pour une bonne et une mauvaise raison ! Il est en effet devenu, le 17 octobre 2017, le plus jeune gardien à évoluer en Ligue des champions, à 18 ans et un mois : « aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années ». Mais, lors du même match, qui opposait le S.L. Benfica à Manchester United, il a aussi... marqué un but contre son propre camp, en reculant dans la cage avec le ballon après un coup franc. Oups. Il a ainsi précipité la défaite de son club, qui a dû concéder la victoire (0-1). Il s'est confondu en excuses auprès des supporters, et était inconsolable à la fin du match... Était-ce la pression de jouer un grand match contre Manchester United, à Old Trafford qui plus est ?